Lorsque Versailles vient s’immiscer sur la rive droite bordelaise.
Trianon, ou, lorsque l’histoire de France s’invite à Saint-Emilion. Au premier abord cette petite bâtisse en travaux pourrait faire penser à un petit château parmi tant d’autres. Et pourtant, croyez moi que c’est un des châteaux à suivre sur les prochaines années, et je pèse mes mots. Des projets pleins la tête, Dominique Hébrard et ses équipes veulent faire de cette bâtisse un lieu incontournable du vignoble.
Une histoire singulière
C’est à la fin du XVIIème siècle que l’on trouve la première trace du Château Trianon. A cette époque, un des conseillers du Roi Louis XIV dit le Roi Soleil, fait bâtir un petit château sur le terroir Saint-Emilionnais. Il souhaitait construire ce château dans le plus pur style Versaillais que l’on connait. Pour la petite anecdote d’ailleurs, il s’agit du seul château prénommé Trianon du vivant de Louis XIV.
Il qualifiait les vins de Saint-Emilion de « Nectar des dieux ». A cette période déjà le Saint-Emilionnais rayonnait parmi les plus grands terroirs.
Pendant des années le Château Trianon n’est qu’un petit château entouré de quelques hectares de vignes. Appartenant à diverses familles, c’est en 2000 que le destin du château bascule. Alors propriété de la famille Lecointre, cette dernière décide de vendre le château pour des raisons de succession principalement. C’est alors que Dominique Hebrard (ancien co-propriétaire du château Cheval-Blanc) décide d’acheter la propriété. Souhaitant se lancer un nouveau défi et repartir d’une feuille blanche, il prend les rênes d’un domaine en mauvais état mais promis à un bel avenir moyennant plusieurs travaux.
Un terroir d’exception
Le château est situé à l’extrémité Ouest de l’appellation de Saint-Emilion Grand Cru, non loin de la seconde appellation phare de la rive droite, Pomerol. Lorsque vous êtes sur la terrasse du château, face à la vigne, levez votre bras devant vous et regardez à l’horizon. Vous apercevrez l’illustre Château Figeac, dans son alignement vous aurez le Château Cheval-Blanc puis derrière, le non moins célèbre Pétrus. Il est donc aisé de comprendre que nous sommes là sur un terroir d’exception. Le sol est argilo-sableux sur crasses de fer et présente, pour certaines parcelles, quelques graves.
Le domaine est composé de 16ha, dont 14,5 sont d’un seul tenant. L’encépagement est composé de 78% de Merlot, 14% de Cabernet-Franc, 5% de Cabernet-Sauvignon et 3% de Carménère. Ce dernier est un cépage autochtone du bordelais, mais très peu utilisé, ce qui rend sa présence très singulière et donne au vin un caractère si particulier.
Aujourd’hui le château est certifié HVE3 (Haute Valeur Environnementale niveau 3) depuis le 16 mars 2020, mais aussi ISO 14001-2015 depuis le 12 août 2020. Ces diverses certifications prouvent une nouvelle fois l’attention toute particulière que le château porte au respect de son terroir.
Une maitrise parfaite de son terroir
A son arrivée au château, Dominique Hebrard décide d’entreprendre plusieurs travaux d’envergures afin d’extraire le meilleur de son sol.
Dans un premier temps, il fait arracher plusieurs hectares de parcelles, ces dernières étaient en mauvais état, et donc indigne à la production d’un vin à la hauteur de ses attentes. Ensuite il fait refaire la totalité du drainage du vignoble. Puis, il fait replanter des pieds de vignes sur les parcelles orphelines. Une fois ces chantiers terminés, c’est la patte du vigneron et ses équipes qui feront le reste.
Tout au long du cycle végétatif, une attention toute particulière est portée à la vigne, à son développement, mais aussi au respect de son terroir. Il faut dire que Dominique Hebrard n’en est pas à son coup d’essai. Au travers de sa riche expérience acquise par le passé, il ne cesse de rechercher le meilleur pour sa vigne : taille adaptée, ébourgeonnage, éclaircissage, etc. Il préfère la qualité à la quantité et ça, personne ne peut lui reprocher. Exigence est le maitre mot.
Lors des vendanges il porte une attention toute particulière à la sélection des grappes mais aussi au tri, il est intransigeant avant les vinifications. L’objectif étant de travailler les plus beaux raisins possible.
Le travail au chai
Les vinifications sont parcellaires, pour tirer le meilleur de chaque parcelle. Le cuvier est composé de cuves bétons (classiques et tronconiques inversées) et de cuves inox. Chaque cuve est thermorégulée pour apporter plus d’efficacité et de précision quant à l’extraction des arômes et des tanins.
L’élevage se fait en barriques de chêne neuf, mais aussi en barriques de chênes de 1 vin, pour une durée de 14 à 16 mois environ. Le premier cru bénéficie généralement d’un élevage de 50% de barriques neuves et 50% de barriques de 1 vin. Le second vin, appelé Le Petit Trianon, bénéficie d’un élevage 100% barriques de 1 vin.
L’avenir, un projet au quotidien
Comme vous avez pu le constater, actuellement le château est en pleine rénovation. En effet, depuis 2019 des travaux sont entrepris afin de redonner de l’éclat à la bâtisse principale. Deux ailes sont également en cours de construction. Ça sera à s’y méprendre n’est-ce pas, serons nous à Saint-Emilion ou dans les jardins du château de Versailles ?
Inutile d’insister sur le fait que le château est en plein développement. La vigne étant maitrisée et le vin en constante progression, il convient maintenant d’entreprendre un nouveau chantier, celui de faire rayonner le château esthétiquement parlant. Pour cela, plusieurs projets sont en cours de réalisation, soyons donc patients, mais je peux d’ores et déjà vous annoncer que ça va être grandiose et que Trianon va faire parler de lui dans les années à venir.