Château Rayne Vigneau

Une propriété à l’histoire aussi riche que la complexité de ses vins.

Source : Site internet du château

Histoire

Si certaines propriétés sont plus ou moins contemporaines, pour trouver les premières traces, datées, du château de Rayne Vigneau, il faut remonter en 1635. De cette époque, plus personne n’est là pour l’attester, seuls certains écrits permettent de l’authentifier.

En langue gasconne, le mot « vigneau » signifiait une terre consacrée à la culture de la vigne. On sait donc qu’à cette période, il y avait un vignoble sur la commune de Bommes, propriété d’un « noble Gaillard du Vigneau ». À sa mort, son fils aîné va hériter du titre de propriété. Il épousera Jeanne Sauvage, fille et sœur du seigneur d’Yquem. C’est cette dernière qui va gérer la propriété à la mort de son mari. Malheureusement, sans descendance, le domaine sera vendu. Pendant de nombreuses années, il passera entre les mains de divers propriétaires. Son vignoble sera étendu jusqu’à atteindre 160 hectares, répartis sur 5 communes. Vins rouges et vins blancs sont produits à parts égales, pour une quantité d’environ 110 tonneaux. Au fil du temps, le vignoble perdra en superficie. Cependant, en 1834, tout basculera pour le château.

Il faut d’ailleurs préciser que son histoire est également intimement liée à la gente féminine, puisque, fait assez avant-gardiste pour l’époque, 2 femmes se sont succédées avec brio à la tête de la propriété suite aux décès de leurs maris. C’est donc naturellement, et comme le veut l’adage, qu’une troisième femme va en prendre la direction : Catherine de Pontac. Veuve du Baron de Rayne, alors qu’elle a déjà 65 ans, elle va se donner corps et âme au développement de son vignoble. La superficie atteindra pas moins de 60 hectares, et la qualité de ses vins ne cessera de croître.

En 1855, un an avant sa mort, elle aura, comme récompense, le bonheur de voir son château intégrer le fameux classement officiel des vins de Bordeaux. Il sera érigé au rang de 1er cru. Aujourd’hui encore, et pour toujours, le château porte en héritage le dévouement de la Baronne de Rayne. À son décès, sans descendance également, c’est son neveu, Gabriel de Pontac, qui héritera du vignoble. Démissionnaire de l’armée de Louis-Philippe en 1830, il s’était consacré à l’administration du château auprès de sa tante, c’est donc légitimement qu’il en prendra la direction.

Dans la lignée de la Baronne, il ne cessera de se dévouer pour ses vins. Deux dates montrent à quel point ce n’était pas en vain. En 1861, le vin sera récompensé, lors d’un concours, devant l’ensemble de ses concurrents, Yquem en faisant partie. La consécration arrivera en 1867, lorsqu’à la suite d’un concours à l’aveugle, le millésime 1861 sera élu meilleur vin liquoreux du monde par un jury chevronné.

En 1892, Gabriel de Pontac décède, lui aussi sans descendance. Son neveu, Albert, Vicomte de Pontac va en hériter. C’est lui qui va baptiser le château de Rayne Vigneau, en hommage à ses ancêtres.

La propriété restera aux mains de la famille de Pontac, puis de Roton (par alliance), et enfin Vinot Préfontain (par alliance également), jusqu’en 2004 où il sera cédé à CA Grands Crus, filiale du Crédit Agricole. En 2015, le château sera vendu au groupe Trésor du Patrimoine. C’est Vincent Labergère, employé du château au service oenotourisme, qui va en prendre la direction.

Une histoire riche, qui démontre bien à quel point le château de Rayne Vigneau fait partie intégrante du paysage sauternais depuis des centaines d’années.

Le vignoble et son terroir

Vue des vignes nues de leur feuillage (visite en février).

Le terroir sauternais est réputé pour être singulier, propice à la production de vins d’exception.

Au château de Rayne Vigneau, les sols sont d’une richesse hors du commun, permettant aux cépages cultivés de s’épanouir pleinement afin d’exprimer leurs caractères :

  • Sols de graves à sous-sol argilo-calcaire
  • Sols argileux et sablo-argileux
  • Sols calcaires

Des sols ô combien complémentaires dans l’élaboration des différents vins de la propriété. Des terroirs propices aux blancs secs, d’autres plus propices pour les liquoreux, les équipes techniques du château ont une parfaite connaissance de leur parcellaire, et s’y sont adaptées au mieux afin d’en tirer le maximum.

Par ailleurs, il faut savoir que le vignoble renferme un véritable trésor : un sous-sol rempli de pierres précieuses. Minéraux, fossiles et pierres semi-précieuses, enfouis à une profondeur de 25 à 60 cm. Exceptionnel !

A la sortie de l’été, une fine brume vient encombrer le paysage sauternais. Issues de la rencontre du Ciron et de la Garonne, cette humidité est tant attendue sur le sauternais. Sans elle, impossible de voir l’apparition du Botrytis cinerea. Champignon surnommé pourriture noble, c’est lui qui vient donner ce caractère si particulier aux vins.

Lors de certaines années, il se fait tellement désirer que les vignerons redoutent de ne jamais le voir arriver et débutent leurs vendanges tant bien que mal. Il faut dire qu’avec le réchauffement climatique, les conditions sont de moins en moins favorables à l’apparition de ce champignon. Une évolution du climat qui devient une réelle contrainte.

C’est pourquoi, ici à Rayne Vigneau, les techniques de cultures sont toujours plus respectueuses du terroir. Réduction des intrants, sol en couvert végétal, les équipes techniques écoutent leur vignoble et adoptent des procédés permettant de s’adapter au mieux au réchauffement climatique.

L’encépagement du vignoble est composé des trois cépages iconiques de l’appellation, soit 74 % de sémillon, 24% de sauvignon et 2% de muscadelle.

Le sémillon vient apporter sa puissance, sa structure, mais également sa palette aromatique pleine de richesse.

Le sauvignon est utilisé dans l’élaboration des vins secs et liquoreux. Pour les secs, il brille par sa vivacité, son équilibre et par sa richesse aromatique. Pour les liquoreux, assemblés aux autres cépages, il vient apporter sa fraîcheur, sa vivacité et son aromatique fruitée.

La muscadelle vient offrir sa rondeur et son aromatique en guise d’assaisonnement.

En assemblant ces trois cépages issus de sols de diverses influences, le château de Rayne Vigneau produit, millésime après millésime, des vins pleins de personnalité, capables de traverser les décennies sans jamais déroger à leur terroir. Un véritable travail d’orfèvrerie.

Vinification et élevage

A l’orée de l’automne, le temps des vendanges arrive. Ici, à sauternes, elles durent généralement plus longtemps que sur le reste du bordelais. Les tries, passages dans les vignes, vont se succéder afin de récolter les baies à parfaite maturité.

Les raisins sont pressés pendant dix à vingt heures environ. Les jus issus de ce pressurage sont, par la suite, introduits en cuves pour une durée de vingt-quatre heures, afin que les particules en suspension dans les moûts sédimentent au fond.

Ensuite, les jus seront introduits en barriques pour y effectuer leur fermentation pendant trois semaines environ. Enfin, viendra le temps de l’élevage. Pour cela, les vins vont se reposer durant dix-huit mois environ, en fonction des millésimes, dans des fûts de chêne français dont, en moyenne, chaque année 50% sont neufs. C’est là que le caractère des vins va s’affirmer, dans l’ombre et la fraîcheur d’un chai entièrement rénové en 2012 avec des matériaux ayant tous le Label Vert.

Viendra alors le temps de l’assemblage, ou l’art d’additionner les 50 parcelles de la propriété. Comme aime le dire Vincent Labergère, ligérien de naissance, c’est avant tout la recherche de la fraîcheur, de la complexité aromatique, mais surtout de la digestibilité, notamment en allant chercher cette touche minérale qui lui est chère. En résulte donc des vins d’une grande gourmandise, à la palette aromatique pleine de richesse, que les années ne vont que sublimer.

Le potentiel de garde est difficile à estimer, ici à Sauternes, on aime penser qu’il est infini. Là où l’homme est en quête d’immortalité, les vins liquoreux touchent déjà au but.

Les vins

Souvenir d’une belle dégustation en compagnie de Vincent Labergère.

Place à la présentation des différents vins produits par le château. Ici ils sont au nombre de 5, avec chacun ses particularités.

Débutons par les vins blancs secs.

Une première cuvée, Le Sec de Rayne Vigneau, est un monocépage de sauvignon. Un vin qui mêle à la fois vivacité, rondeur et élégance, le tout avec une très belle expression aromatique du sauvignon. Il fait partie des très beaux rapports qualité-prix du bordelais.

La seconde cuvée, produite depuis 2022, le Château de Rayne Vigneau grand vin blanc sec, est un assemblage de 60 % sauvignon et 40 % sémillon, issu de grappes qui possèdent leurs propres parcelles. Un terroir d’exception dédié à la production d’un vin à son image. A l’image du blanc sec, le vin est plein de vivacité, de délicatesse, de complexité et d’harmonie. Un vin qui peut aisément jouer dans la cour des grands blancs secs du bordelais.

Même si les blancs secs ne sont pas le cœur et l’âme de Sauternes, ils sont aujourd’hui de beaux étendards pour les propriétés en quête de diversification de leur gamme. A Rayne Vigneau, ils savent parfaitement exprimer la beauté de ce terroir remarquable.

Après avoir découvert la tension et la minéralité, ramenons un peu de douceur avec les vins liquoreux.

Commençons par le 1er cru classé. L’assemblage est un véritable mariage entre le sémillon, le sauvignon et la muscadelle. Un vin à la hauteur de son terroir, où la douceur et la délicatesse s’associent à la tension. Sa complexité aromatique nous rappelle à quel point les grands sauternes réussissent à nous transporter. La sucrosité est parfaitement maîtrisée et la longueur en bouche d’une merveilleuse persistance, le tout avec une touche minérale saisissante. Une quête de la perfection millésime après millésime qui nous montre bien pourquoi Rayne Vigneau réussit à sortir du lot. L’oublier un peu en cave ne lui fera pas de mal, son potentiel de vieillissement est exceptionnel.

Le second vin, Madame de Rayne, quant à lui, permet une approche des liquoreux de la propriété avec beaucoup de finesse également, une belle fraîcheur et une jolie expression aromatique. Un sauternes qui se déguste dès l’apéritif et qui peut s’accorder aisément. Il peut se garder quelques années en cave, cependant l’objectif n’est pas de le délaisser non plus afin de profiter au maximum de sa vivacité.

Enfin, une cuvée produite que sur les années exceptionnelles, la cuvée Gold. Produite en 2005, 2009 et 2014, la propriété attend que les conditions soient réunies le temps d’une matinée afin de récolter des baies d’une rare maturité. Issu d’une sélection de 100 % de grappes de sémillon, c’est une cuvée des plus confidentielles. Elle est produite à seulement 700 bouteilles environ.

Le château de Rayne Vigneau fait partie de ces propriétés iconiques d’une appellation à qui le poids des années va si bien. Vincent Labergère et ses équipes font un véritable travail d’orfèvrerie, guidé par la conviction que les vins de Sauternes n’ont pas dit leur dernier mot. Dégusté sur plusieurs millésimes par le passé, c’est une propriété que j’affectionne tout particulièrement, le rapport qualité-prix est tout simplement merveilleux. 


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