« L’essentiel est invisible pour les yeux », la devise de la famille Cuvelier colle parfaitement aux vins du château Léoville Poyferré. L’exigence au service de la perfection.
Histoire
L’histoire des 3 Léoville en Saint-Julien est singulière. Tout commença en 1740 lorsque Blaise Antoine Alexandre de Gasq, dit le seigneur de Léoville, fait acquisition d’une parcelle de 120 hectares de vigne, qu’il nommera alors de son titre de Léoville. Assez avant-gardiste, c’est notamment lui qui sera le premier à palisser la vigne.
Malheureusement, à son décès, la propriété sera scindée en 3, gérée en indivision par ses neveux et nièces. Cette dernière d’ailleurs, est mariée à un Las Cases, ce qui deviendra donc le château Léoville Las Cases.
Lors de la Révolution française, un des neveux fuira et verra sa part confisquée et vendue comme un bien national, un certain Hugh Barton rachètera les 40 hectares, qui deviendront par la même occasion le château Léoville Barton.
La seconde séparation interviendra en 1840, lorsque le frère et la sœur Las Cases sépareront, de nouveau, le vignoble. La sœur étant mariée au Baron de Poyferré, le vignoble lui appartenant, soit une superficie de 60 hectares, s’appellera désormais château Léoville Poyferré.
Une histoire singulière qui fera naître trois propriétés devenues chacune d’elle des icônes de ce vignoble. D’ailleurs, elles sont toutes trois 2nd cru classé au sein du très célèbre classement des vins du médoc paru en 1855.
Depuis 1920, le château est propriété de la famille Cuvelier, de riches négociants du nord de la France, en compagnie des châteaux Moulin Riche (AOC Saint-Julien) et Le Crock (AOC Saint-Estèphe) également.
Le vignoble et son terroir
Le château Léoville Poyferré possède 80 hectares de vignes (dont 20, d’un seul tenant, appartiennent au château Moulin Riche, autre propriété de la famille Cuvelier), où les parcelles sont dispersées et entremêlées avec celles du château Léoville Las Cases.
L’encépagement de la propriété est de 63% de Cabernet sauvignon, 25% de Merlot, 7% de Petit verdot et 5% de Cabernet franc.
Le terroir, quant à lui, est composé d’une riche diversité de sols, principalement composés de peyrosols au sous-sol sablo-argileux. Une telle hétérogénéité permet de produire des raisins aux profils différents mais ô combien complémentaires lors de l’assemblage final. Il faut dire que la vigne est une des plantes qui reflète le plus son terroir.
L’argile permet de retenir l’eau, le sable, lui, agit en tant qu’agent filtrant et oblige donc la vigne à travailler plus pour trouver l’eau, les terres noires sont à la fois riches en nutriments mais aussi en matières organiques, enfin les graves, quant à elles, sont indispensables à la maturité des cabernets sauvignon puisqu’elles captent la chaleur la journée pour la restituer la nuit. Tout est donc réuni afin de produire des vins d’exception.
Le travail au chai ou la quête de la perfection au quotidien
Exploiter un tel terroir sans une once d’exigence lors des vinifications et de l’élevage serait aberration.
À la vigne tout d’abord, l’agriculture y est raisonnée et est récompensée, depuis 2017, par le certificat HVE3 (Haute Valeur Environnementale de niveau 3). Environ 80% des produits utilisés sont bio. L’homme travaille en accord avec son vignoble et l’écosystème qui l’entoure, en limitant au maximum les interventions à la vigne.
Une fois venu le temps des vendanges, c’est l’effervescence autour de la propriété. Ces dernières se font manuellement, en prenant le plus grand soin quant à la cueillette des grappes afin d’amener au chai les raisins les plus pures qu’ils soient.
Une fois récoltées, les grappes sont triées une première fois à la main, puis une seconde fois au sein d’une trieuse optique. Les raisins les plus adéquats seront donc introduits en cuves afin d’effectuer une première fermentation à froid.
L’objectif est d’extraire avec douceur, mais de manière intense, les arômes de fruits contenus dans les raisins.
Au château Léoville Poyferré, il y a 57 cuves en inox, ce qui permet un travail parcellaire. 2 générations cohabitent, des cuves cylindriques, depuis 1990, réservées aux vins du château Moulin Riche et au second vin (Pavillon de Léoville Poyferré), ainsi que des cuves tronconiques depuis 2010, elles réservées pour le grand vin du château Léoville Poyferré. L’utilisation de cuves tronconiques n’est pas anodine et a son importance, en effet, lors des remontages, le chapeau va descendre et le vin va prendre de nouveaux chemins. L’extraction de la couleur et des tanins sera donc meilleure.
Les cuves avec une seule parois (cylindriques) permettent une fermentation alcoolique d’une semaine environ, suivies de trois semaines de macération post-fermentaires.
Les cuves à doubles parois (tronconiques), permettent, avant les deux phases expliquées ci-dessus, une macération pré-fermentaire à froid pendant une semaine à une température comprise entre 3 et 6°C.
Lors des vinifications, les densités sont prises chaque matin, afin de juger de l’état d’avancement des fermentations avant l’introduction des vins en barriques pour les fermentations malolactiques. Celles-ci s’effectuent en fûts de chêne neufs, ce qui permet au vin de gagner en stabilité mais également en souplesse.
Une fois venu le temps de l’élevage, les vins seront mis en barriques pour une durée de 18 mois environ. Pour le grand vin, la part de bois neuf est environ de 70 à 80% en fonction des millésimes, le reste étant des barriques d’un vin.
L’assemblage final est décidé d’un commun accord entre Isabelle Davin (œnologue du château), Didier Thomann (maître de chai) et Michel Rolland (œnologue conseil du château).
Une exigence quotidienne qui fait du château Léoville Poyferré un moteur incontournable de cette merveilleuse appellation de Saint-Julien, millésime après millésime, il s’impose comme faisant partie des plus grands.