Comme tous les ans, le monde du vin s’est donné rendez-vous du 12 au 14 février à Paris, au palais des expositions de la porte de Versailles, pour la 5ème édition du salon Wine Paris. Cet événement est un incontournable du calendrier puisque c’est l’occasion, pour les professionnels, de se rencontrer afin de découvrir ou redécouvrir les vins issus de toutes les régions françaises, avec cette année encore, un pavillon dédié aux vins étrangers.
Un salon aux allures de marathon, où les 3 jours sont à peine suffisants si vous souhaitez prendre le temps de découvrir chaque pavillon.
Pour ma part, n’étant présent qu’une seule journée, je me suis concentré sur les vins bordelais, même si, vous le verrez plus bas, j’ai pu découvrir une pépite hors de ma région viticole favorite.
Rendez-vous donné dans le Hall 6. Le ton est donné, une fois de plus, les stands sont majestueux. Entre classicisme et modernisme, à l’image des vins qu’ils commercialisent, les grandes sociétés de négoce bordelaises brillent de mille feux. Les négociants sont sur leur 31, prêts à recevoir fournisseurs, clients et futurs chalands.
Les différentes appellations girondines sont également représentées au travers des nombreuses propriétés qui, une fois n’est pas coutume, ont répondu présentes.
La première dégustation m’a amené sur le stand du grand cercle, où comme à l’accoutumée, j’ai pris un énorme plaisir à déguster les vins des châteaux Fonroque (Saint-Émilion) et Mazeyres (Pomerol). J’y ai également fait la découverte du château Petit Bocq, en appellation Saint-Estèphe.
Ensuite, il ne suffisait de traverser l’allée afin d’aller découvrir le stand des Crus Bourgeois. Classement crée en 1932, aujourd’hui ce ne sont pas moins de 249 domaines répartis en trois classifications : Cru Bourgeois, Cru Bourgeois Supérieur et Cru Bourgeois Exceptionnels. Les vins sont en libre accès, alors, courage à celui qui entreprendra de découvrir les 249.
À la dégustation ce sont principalement les millésimes 2020, 2019 et 2018. Après en avoir découverts une vingtaine, cela confirme ce que je pense de ce trio magnifique. Ils ont tous trois un potentiel incroyable.
2018 commence à joliment se dévoiler, avec une belle richesse aromatique, une trame tannique élégante et pour certains, une belle fraîcheur. 2019, à l’image de son grand frère, est riche, ample, mais les tanins sont encore un peu trop prononcés, on sent que ce millésime va avoir besoin d’un peu plus de temps. Enfin 2020, et là, je dois dire que je suis fan. Ce qui est frappant, c’est cette fraîcheur, cette élégance, mais surtout cette buvabilité, c’en est déroutant pour un millésime aussi jeune.
Qui a dit qu’il fallait attendre 10 ans avant de déguster un Bordeaux ?
Ensuite, direction le pavillon 3 à la rencontre du château Croix de Labrie. Une propriété que je connais déjà, et qui n’a fait que confirmer toute l’estime que j’ai pour elle. J’ai pu découvrir le 2021, fraîchement mis en bouteille, et redécouvrir le 2020, déjà noté précédemment (lien), en compagnie de Pierre Courdurié. Un 2021 élégant, fruité avec une belle fraîcheur. Un des très grands de l’appellation sur ce millésime, sans aucun doute. Le 2020, quant à lui, est fidèle à lui-même, raffiné, frais, élégant, bref, majestueux. Même s’il nécessite un peu de garde pour gagner en complexité, sa buvabilité est stupéfiante, les amateurs de vins jeunes seront conquis.
Après ce très beau moment de partage, j’ai pu découvrir un domaine qui est, sans aucun doute, devenu mon coup de cœur du salon, alors merci Pierre pour la recommandation.
Le domaine Cassagne et Vitailles, fondé en 2016 et niché en plein cœur du Languedoc, y est produite une large gamme de vins, réunis sous diverses appellations (Terrasses du Larzac, Montpeyroux, Vin de France). Un travail de la vigne en bio et biodynamie, où le terroir est roi. Comme ils le disent si bien, l’homme n’est que de passage, seul le terroir reste. Un moment de partage exceptionnel, tout autant que la dégustation qui suivra.
Ce qui m’a le plus frappé c’est l’homogénéité de leur gamme. De l’entrée au plus haut de gamme, les maîtres mots sont l’harmonie, l’équilibre, la finesse mais surtout l’élégance. Une quête de la perfection parfaitement représentée au travers de chaque cuvée. Difficile de ressortir une grande gagnante tellement chacune sait se démarquer et imposer son caractère si singulier. Un instant hors du temps en compagnie de Matthieu et Nicolas, les fondateurs de ce domaine, que je ne manquerai pas de visiter au cours de l’année, à suivre donc.
Ensuite, rendez-vous au pavillon 7, au stand de l’UGCB pour aller découvrir le millésime 2021. Localisation assez étrange puisque, les années précédentes, la dégustation de l’Union avait lui dans le pavillon bordelais.
Si, il faut l’avouer, les conditions n’étaient pas réunies pour faire de 2021 un grand millésime, il n’en reste pas moins qu’il fait partie de ceux pour lesquels il sera aisé de prendre du plaisir dès ses jeunes années.
Les blancs des Graves sont la quintessence de ce que l’on peut attendre d’eux. Une merveilleuse vivacité, une considérable intensité aromatique et une grande minéralité, voilà comment on peut les décrire en quelques mots. Mention spéciale pour les blancs des châteaux Pape Clément et Smith Haut Lafitte qui survolent cette dégustation.
Les Sauternes, eux aussi, sont exceptionnels. Une considérable profondeur aromatique, des sucrosités très bien maîtrisées, mais surtout une finesse remarquable. Des vins gourmands, frais et taillés pour une très grande garde. Mention spéciale pour ce château Coutet vif, tranchant, élégant, et très raffiné, à l’image des vins de cette propriété, d’une constance incroyable. Seul petit bémol, car oui, à Sauternes, encore plus que sur les autres appellations, les années passent et ne se ressemblent jamais, 2021 fait donc partie de ces millésimes très exclusifs de par leur faible rendement.
Enfin, pour les rouges, 2021 est un peu plus hétérogène certes, mais avec un très beau potentiel cependant. Il est de ces millésimes qui se dégusteront aisément dans leur jeunesse, mais qui sauront, pour les meilleurs, vieillir de nombreuses années.
Mention spéciale pour l’appellation Saint-Julien, d’une grande homogénéité, comme à son habitude, avec des châteaux Beychevelle, Lagrange, et Léoville Barton captivants par leur élégance et leur fraîcheur. Sur la rive gauche encore, petit coup de cœur pour les châteaux Phélan Ségur (Saint-Estèphe), d’Armailhac, Pichon Baron et Pichon Comtesse (Pauillac), Rauzan-Ségla et Brane Cantenac (Margaux). Sur les graves et Pessac-Léognan, les châteaux Pape Clément, Smith Haut Lafitte et Carbonnieux se détachent très bien. La rive droite, elle, n’est pas en reste non plus avec les châteaux Canon, Larcis Ducasse et Pavie Macquin (Saint-Émilion), Clinet et La Pointe (Pomerol).
Un millésime que j’attendais, il faut l’avouer, au pied levé vu ce que j’ai pu en lire. Pas de réelles déceptions, au contraire même, j’ai plutôt été très agréablement surpris.
Enfin, j’ai pu terminer le salon par la découverte d’un vigneron bourguignon détonnant, Alexandre Vernet du domaine bourguignon Hoffmann-Jayer. Une dégustation sans prétention remplie de partage et de rires autour de vins qui font de la Bourgogne, une région d’excellence. Des blancs de très belle facture, et des rouges à la hauteur de ce que l’on peut attendre de leur terroir.
Mention spéciale pour cet Échezeaux Grand Cru qui m’a fait dire, en tant que grand amateur de Bordeaux, « WOW » sur un vin bourguignon. Peut-être suis-je un peu trop exigeant avec cette région au vue des prix pratiqués ? La question se pose légitimement. En tout cas, merci Alexandre d’avoir défendu fièrement son terroir et le fruit de son dévouement quotidien.
En conclusion, cette nouvelle édition de Wine Paris fut, comme à l’accoutumée, riche en découvertes, en partage, mais surtout en dégustations. Un grand merci aux diverses personnes que j’ai pu rencontrer ou retrouver lors de cet événement, de très belles choses arrivent, restez connecté.
KG