À l’heure où les associations de lutte contre l’alcoolisme s’indignent du laxisme de la dernière campagne de sensibilisation faite par le gouvernement, il est temps de démontrer que la filière viticole n’est pas QUE de l’alcool mais avant tout un savoir-faire qui ne génère pas moins de 500 000 emplois sur la totalité du territoire français. Un héritage légué de génération en génération où chaque millésime met les nerfs des vignerons à rude épreuve, un apprentissage quotidien millésime après millésime qui fait appel à la plus grande humilité qu’il soit.
L’objectif de cet article n’est en aucun cas de faire l’apologie d’un alcoolisme à outrance mais plutôt de montrer que modération ne rime pas avec interdiction. Pour cela, il faut changer les modes de consommation afin que « boire moins » évolue vers un « boire mieux », ou plus simplement, réduire la quantité et augmenter la qualité.
De nos jours, les jeunes générations délaissent de plus en plus le vin au profit de la bière et des divers spiritueux existants (Gin, whisky, vodka, etc.), l’offre y est tout aussi vaste, de l’entrée de gamme pour les soirées à forte alcoolisation au premium pour les vrais amateurs. La gamme de prix n’est pas en reste puisqu’il y en a littéralement pour toutes les bourses.
Au cours de la dernière décennie nous avons vu l’émergence de nombreuses brasseries ou distilleries locales, donnant la possibilité au consommateur de se vanter d’avoir la dernière bière brassée à 3 km de chez lui ou le dernier gin distillé au coin de la rue. Un concept dans l’air du temps, empreinte carbone oblige. L’apparition de ces nouveaux sites de production plus urbains viens rebattre les cartes quant au marché de l’alcool en France, favorisant le local à l’import. Cependant, l’univers viticole se retrouve donc lésé en voyant se perdre quelques parts de marché à un moment où toute la filière souffre (en témoigne l’arrachage de vignes dans le bordelais).
Mais ce n’est pas tout, la méconnaissance de bon nombre de consommateurs en matière de vin est manifeste. Comme si le devoir de transmission par nos anciens ne s’était pas fait. Encore trop de personnes considèrent que le vin est un domaine réservé aux seuls initiés, alors qu’aujourd’hui à l’ère du tout numérique avoir de l’information n’a jamais été aussi simple. De nombreux centres d’apprentissage proposent des sessions adaptées aux différents niveaux de dégustation, et ce aux 4 coins de la France. D’ailleurs, depuis les divers confinements dus au Covid, le nombre de sessions à distance ne cesse de croître, permettant à ceux qui n’ont pas l’opportunité de se déplacer de se former quand même.
Par ailleurs, bon nombre de châteaux, domaines ou vignerons accroissent leur visibilité sur internet de par leur site mais aussi en ayant plus de présence sur les réseaux sociaux. C’est alors que sont apparus les influenceurs qui, à coups de post photos ou vidéos, partagent à leur communauté leurs découvertes ou visites de domaines, faisant donc de la publicité tantôt gracieuse, tantôt contre rémunération.
Enfin il faut avouer que l’offre oenotouristique n’a jamais été aussi considérable. Là où il y a une vingtaine d’années les portes étaient closes, de plus en plus de propriétés se dévoilent au grand public. Les chais n’accueillent plus simplement que du vin, mais aussi de petits groupes de curieux souhaitant assouvir leur soif de connaissances.
Tout est donc mis en œuvre pour relancer l’attrait du consommateur pour le vin, et ce n’est pas une mince affaire.
Une question se pose alors légitimement. Mais qu’est-ce que le vin ? Je vais vous en donner ma définition et vous comprendrez le sens du titre de cet article : « et pourquoi pas le vin ? ».
Pour moi c’est avant tout une question d’héritage, non pas en matière de propriété (même si l’on sait que c’est généralement le cas) mais plutôt en termes d’agriculture et de savoir-faire. Si le vin d’aujourd’hui est ce qu’il est, c’est grâce au travail de nos anciens, aux erreurs qu’ils ont pu faire, mais surtout aux leçons qu’ils ont su en tirer. Le travail de la vigne est en constante progression, et est toujours plus respectueux de son environnement, avec notamment des modes de culture raisonnée, biologique ou biodynamique. Prise de conscience ou meilleure adaptation de l’humain à son terroir ?
Les vignerons peuvent se baser sur de nombreuses d’études faites, notamment sur les sols, ce qui permet de travailler avec plus de précision afin de pouvoir tirer le meilleur de chaque parcelle. L’objectif est de mieux comprendre son terroir pour travailler le plus possible en accord avec lui. Comme certains le disent si bien, il est tellement simple de faire du bon vin lorsqu’on maitrise son terroir en le travaillant avec respect.
Dans les chais, les vinifications sont également beaucoup plus précises grâce à l’émergence des cabinets d’œnologues qui mettent leur savoir au profit des vignerons. Les matériels utilisés sont plus technologiques avec par exemple, l’utilisation de cuves doubles parois avec un nombre de contenants équivalents au nombre de parcelles exploitées. Un travail dit parcellaire avec pour objectif d’aller toujours plus loin dans la quête de la justesse et de la finesse.
Les modes d’élevage sont également en évolution constante, pour preuve, de plus en plus de châteaux dans le bordelais délaissent la fameuse barrique neuve de 225 litres au profit de foudres, d’amphores, etc. L’introduction de nouveaux contenants réduisant l’impact du bois illustre parfaitement la remise en question qu’il y a eu de la part des châteaux. L’utilisation abusive du bois fut tant critiquée par les consommateurs ces dernières années que ça a contribué en grande partie au très célèbre, et non moins critiquable, « Bordeaux bashing ».
Enfin, les modes de commercialisation sont tellement vastes, qu’aujourd’hui il est très simple de trouver de très bons vins. L’offre est cependant tellement étendue que la clientèle peut se retrouver perdue d’où l’intérêt de s’y connaitre un minimum. Cavistes, grande distribution, salons spécialisés, le consommateur peut aisément trouver son bonheur et ce pour toutes les bourses, balayant donc les idées reçues sur certaines régions qui seraient inabordables dans l’imaginaire de certains.
Grâce à tout ça, nous avons donc vu renaitre certaines régions françaises auparavant productrices de « vins de terroirs », qui aujourd’hui bénéficient d’appellations avec un véritable cahier des charges validé par l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité). Pour preuve, la renaissance des vins du Languedoc-Roussillon notamment qui voient leur côte exploser.
N’oublions donc pas que c’est avant tout la culture d’un fruit qui, grâce à la main de l’homme, devient par la suite une boisson de plaisir. D’ailleurs, cessons d’utiliser le terme boire mais utilisons plus simplement celui de déguster. Pour beaucoup de personnes ce terme est assez péjoratif et laisse penser à l’excès, là où le mot déguster se veut plus raisonnable et élégant.
Alors dégustons, mais dégustons bon ! Stoppons cette consommation abusive et en avant pour la quête du « déguster mieux ». De nos jours il y en a pour tous les goûts et tous les budgets, alors à bas les critiques sur telle ou telle région, n’ayez pas peur de sortir des sentiers battus. Grands châteaux comme petits vignerons tout le monde y trouvera son compte, et c’est le principal.
Enfin, levons nos verres pour soutenir cette filière et tous ses acteurs.
N’oubliez donc pas que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération (un invité bien souvent trop oublié) !