Château Fonroque

Fonroque, ou l’avant-gardiste d’une viticulture à contre-courant.

Histoire

1620. C’est à cette année-là que nous trouvons trace des premiers propriétaires du château. Il s’agissait de Hélie de Bonneau, écuyer et seigneur de Fonroque. Au fil des héritages, le domaine sera légué de génération en génération jusqu’à arriver aux mains de la famille De Malet Roquefort. Une famille bien connue pour être, depuis toujours, propriétaire du Château La Gaffelière.

C’est à la fin du XIXème siècle que le château sera cédé par la famille De Malet Roquefort à Jean Chatonnet, déjà propriétaire du château Magdelaine (aujourd’hui fusionné avec le château Belair-Monange).

En 1931, le château va connaitre son premier tournant. La famille Moueix, illustre famille de négociants bordelais propriétaire de nombreux domaines tous plus réputés les uns que les autres (Pétrus pour ne citer que lui), fait acquisition du château.

En 1955 le château va être élevé au rang du 1er cru classé lors de la publication du premier classement des vins de Saint-Émilion, ce qui est une belle reconnaissance pour tous les travaux fournis depuis de nombreuses années par la famille et leurs équipes.

Mais, c’est en 2001 que tout basculera pour le château, puisque c’est Alain Moueix qui en prendra la direction. Ingénieur agricole et œnologue de formation, il va amener avec lui de nouvelles pratiques de culture de la vigne en introduisant notamment le bio et la biodynamie. Second tournant donc pour le château, on peut même parler ici de virage à 360° dans une région encore très « traditionnelle » dans ses modes de culture.

Fait symbolique, le château sera donc le premier cru classé du bordelais à être certifié en biodynamie.

Aujourd’hui le domaine est propriété de la famille Guillard (de riches Nantais) ayant fait fortune dans les assurances. Ils sont aujourd’hui à la tête du château hôtel restaurant Grand Barrail ainsi que du château Mazeyres à Pomerol. Alain Moueix reste, quant à lui, consultant auprès du château.

Le terroir

L’intégration de la biodynamie n’est pas une mince affaire. C’est pourquoi la question de terroir est primordiale.

Ici à Fonroque le vignoble fait une superficie de 17,6 hectares, d’un seul tenant principalement orienté ouest.

Le terroir est composé de 3 types de sols, particuliers mais très complémentaires dans l’élaboration des vins :

  • Un plateau à sol calcaire à astérie. Ce qui va donner au vin longueur, justesse avec une parfaite tension.
  • Un coteau à sol argilo-calcaire. La présence de l’argile va conférer au vin toute son ampleur.
  • Un pied de côte à sol argile sablo-limoneuses. Ce dernier va permettre au vin de développer sa générosité et son opulence.

Une telle diversité de sols va permettre de produire des vins avec 3 expressions, singulières mais si complémentaires. Dans l’assemblage final va en résulter des vins frais, buvables dans leur jeunesse avec une dimension taillée à faire face à de longues années de vieillissement.

La vigne

À ce stade, la vigne est en dormance.

L’encépagement du vignoble est composé de 80% de Merlot et 20% de Cabernet Franc, deux cépages emblématiques de la rive droite.

Depuis 2001, et la reprise du vignoble par Alain Moueix, le travail de la vigne s’est d’abord fait de manière biologique puis biodynamique.

 La biodynamie exige, de la part du vigneron, l’utilisation de différentes préparations à des stades de développement de la vigne bien précis, en se basant sur le calendrier lunaire. Sont alors utilisées bouse de corne, silice de quartz, infusion de plantes, etc.

Visionnaire et avant-gardiste, il n’a pas hésité à aller par-delà les dogmes établis par ses anciens.

Depuis 2016 le domaine a entrepris une phase de replantation de Cabernet Franc, avec l’apport de 1,95 hectare supplémentaire de ce cépage iconique du pays saint-émilionnais.

Un cuvier dernière génération

Le travail de la vigne étant en perpétuelle évolution, les châteaux doivent avoir un cuvier et un chai permettant une action encore plus précise et à la hauteur des enjeux contemporains, à la fois en matière de climat que de commercialisation avec l’évolution, toujours plus exigeante, des attentes des consommateurs.

C’est pourquoi depuis le millésime 2021 le château Fonroque a inauguré ce cuvier dernière génération, destiné à pouvoir accueillir les nombreux millésimes qu’il va recevoir.

Il se compose de cuves en ciment thermo régulées dont les calculs des proportions sont faites en concordance du nombre d’or. Le nombre de cuve pour les fermentations a été revu à la hausse, ce qui permet de travailler avec encore plus de précision.

L’éclairage se fait par de grandes baies permettant ainsi une luminosité naturelle tout au long de la journée, le ciel étant un élément important en biodynamie, cette verrière est un lien avec ce qui se passe « en haut ».

Enfin, dans un souci de respect de l’environnement, il y a une réduction de la demande en électricité ce qui illustre encore plus les démarches entreprises par le château en termes d’écologie.

La charpente bois est visible, comme pour nous conforter dans le fait que ce cuvier n’est autre que le fruit d’un travail entre l’homme et la nature, le tout en parfaite harmonie. La quiétude des lieux ne laisse aucun doute.

À Fonroque rien n’est laissé au hasard.

Pour l’élevage, une fois de plus, tout est parfaitement maitrisé. Plusieurs contenants sont utilisés afin de donner une singularité à chaque millésime.

Bien évidemment le premier contenant n’est autre que l’illustre barrique de 225 litres en chêne. Ici, la part y est d’environ de 30% de fûts neufs pour 70% de fûts de 1 vin voir plus. Ajouté à cela, les cuves ciment (autrefois en béton) présentées ci-dessus dans la partie concernant le cuvier.

Cependant, expérimentés depuis plusieurs années, de nouveaux contenants ont fait leur apparition au fil des millésimes.

Premièrement, depuis 2018, place aux foudres. Avec une plus grande contenance que la barrique, cela limite les effets apportés par le bois tout en faisant bénéficier des avantages de ce dernier. La buvabilité des vins est donc plus instantanée.

Deuxièmement, l’amphore. Ce contenant fait d’argile permet un contact optimal entre le vin et l’oxygène du fait de sa porosité (moins importante que la barrique, elle peut être différente en fonction de sa cuisson), sans apporter d’arômes laissés par le bois, ce qui permet de produire des vins portés sur le fruit.

Troisièmement, les contenants en béton que ce soit en forme d’œuf ou de diamant. Bien qu’utilisés depuis de nombreuses années déjà, ces deux modèles sont assez atypiques à première vue.

Vous l’aurez compris, tous ces différents contenants vont permettre d’obtenir des vins aux profils différents mais ô combien complémentaires lors de l’assemblage final. L’objectif pour le château était d’expérimenter et de s’ouvrir à de nouveaux modes d’élevage.

Limiter l’influence donnée par le bois est un tournant que de plus en plus de châteaux prennent, conscient des critiques que peuvent recevoir leurs vins.

Cela permet tout simplement de donner une buvabilité plus instantanée, tout en garantissant un beau potentiel de garde.

L’intégration de ces nouveaux contenants est donc bénéfique et octroie aux vins un nouveau profil. Le seul inconvénient, s’il fallait en trouver un, serait la maitrise qu’il faut avoir de chacun de ces contenants.

En visitant le château Fonroque on se rend vraiment compte de l’impact qu’à la biodynamie sur le travail quotidien des équipes d’un cru classé.

Pionnier, visionnaire, ou tout simplement plus respectueux de son terroir, Alain Moueix a su s’imposer comme un des pontes de la biodynamie sur le Bordelais. Et ce pour le plus grand bonheur des consommateurs.

Le cuvier vu de l’extérieur

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