Château Mangot

Une propriété familiale destinée à un avenir radieux.

Histoire

Pour trouver la première trace du château Mangot, il faut remonter aux environs de 1515. À cette époque, il s’agissait d’un petit château, alors propriété de la famille Dubreuil, dont 2 des 7 enfants sont intimement liés à Mangot de par leur titre de sieur de Mangot.

Dans les textes qui ont été retrouvés, il faisait état d’un domaine d’une superficie de 32 hectares.

Plusieurs propriétaires vont alors se succéder, de tonneliers à négociants. C’est au cours de la Révolution Française que le château va connaitre un sort assez tragique, puisqu’il va être saisi et son vignoble sera alors morcelé.

Il faudra attendre 1954, pour que la propriété soit acquise par la famille Petit. Mais qui sont-ils ?

Il s’agit d’un couple de modestes ouvriers de vigne employés au sein du château La Brande, une propriété implantée sur l’appellation voisine de Castillon.

Souhaitant donner un nouvel élan à leur vie professionnelle, ils vont alors faire acquisition du château Mangot. À cette époque ils n’étaient propriétaires simplement que de 6 hectares, c’est pourquoi en 1970 ils vont acheter 9 autres hectares. Au fur et à mesure du temps et des investissements, ils vont réussir à reconstituer l’ensemble du vignoble historique du château soit 32 hectares d’un seul tenant.

Jusqu’en 1975, date de la première vinification au château, la famille apportait l’ensemble de ses raisins à la cave coopérative de Saint-Émilion non loin du lieu-dit La Gaffelière.

Après avoir pu se « rôder » avec Mangot, le couple Petit va racheter le château La Brande (à 6 km de Mangot) également, devenant ainsi propriétaires après avoir été ouvriers de vignes au sein de cette même propriété.

L’âge avançant les parents décidèrent en 1989, après 45 ans de dévouement pour leur château, de confier la gestion de la propriété à leur fille Anne-Marie et son mari Jean-Guy Todeschini.

C’est alors qu’un grand virage va être pris, celui d’un travail de la vigne plus précis, plus respectueux de l’environnement, notamment en réduisant les apports d’intrants chimiques alors monnaie courante sur le vignoble bordelais à cette époque.

En 1992 ils vont réussir à faire intégrer 2% de leur vignoble au sein de l’appellation Saint-Émilion Grand cru mais ce n’est qu’en 1998, soit 6 ans plus tard, que l’ensemble de la propriété sera inclus au sein de cette même appellation.

Les millésimes passent et c’est en 2008 qu’un nouveau tournant se profile à l’horizon puisque leurs deux fils, Karl et Yann, arrivent au château après de longues études en agronomie et œnologie.

Des études qui leur permettront d’ailleurs de voyager à travers le monde en passant par les USA et l’Italie notamment en Toscane, une région viticole incontournable de la « grande botte ».

On peut donc dire que c’est un vrai domaine familial, puisque depuis 2008 les deux générations travaillent en étroite collaboration.

Et quand je parlais de virage, Karl et Yann vont amener avec eux dans leur bagage des techniques de cultures biologiques, certifiées depuis 2020, puis plus récemment biodynamiques.

Un tournant 360° depuis l’acquisition par leurs grands-parents en 1954, et a raison, puisque depuis 2022, le château Mangot peut se vanter fièrement d’avoir intégré le célèbre classement des vins de Saint-Émilion. Une récompense amplement méritée qui n’est autre que le fruit d’un travail acharné et la récompense d’un engagement quotidien pour la vigne, son écosystème et plus généralement leur terroir.

Terroir avec un grand T

S’il y a bien des châteaux qui pourraient revendiquer d’avoir un terroir d’exception, le château Mangot en ferait partie, et de loin.

La propriété est située à l’est de l’appellation de Saint-Émilion, au niveau des crêtes, dans la zone la plus vallonée. D’ailleurs, sur l’ensemble du vignoble il y a un dénivelé de 55 mètres avec une parcelle située au plus haut à 90 mètres, ce qui en fait singulièrement, la parcelle la plus élevée du vignoble saint-émilionnais.

Aujourd’hui la superficie du vignoble est de 34 hectares divisés en 22 parcelles avec chacune sa particularité. Le fait qu’elles soient réparties en coteaux va apporter une grande diversité entre elles, avec notamment sur la parcelle la plus élevée, des terrasses mais surtout un microclimat méditerranéen puisqu’il s’agit là du point le plus chaud du vignoble.

Les terrasses sont une des curiosités de la propriété

Très singulier au vu de la géographie des lieux, on peut même y contempler des plantes méditerranéennes, avec notamment de très belles orchidées sauvages. De plus, des chênes truffiers ont été plantés, de sorte à ramener encore plus de vie et de diversité au sein de ce vignoble déjà bien vivant.

À Mangot il y a cette particularité d’avoir d’un seul tenant 4 typologies de terroirs différents, en partant du plus bas au plus haut, pied de côtes, coteaux, terrasses et plateaux.

Mais comment parler de terroir sans aborder la question du sol en lui-même ?

Ici les sols sont composés de plusieurs types d’argile (crasse de fer, brunes en profondeur et blanches en hauteur), ce qui va donner densité, tension et minéralité, et de calcaire à astéries ce qui va conférer une élégante onctuosité.

Au sein du vignoble, 3 cépages y sont cultivés, une grande majorité de Merlot, une part croissante de Cabernet Franc avec un peu de Cabernet Sauvignon.

Vous l’aurez donc compris, tout est réuni pour produire de superbes raisins, encore faut-il prendre la mesure du potentiel d’un tel terroir, mais pas de panique pour ça, Karl et Yann en ont une maitrise parfaite.

La biodynamie au coeur des préoccupations

Depuis les années 2010 les millésimes solaires sont de plus en plus courants et se sont intensifiés jusqu’à nous faire vivre une année 2022 de tous les records.

Il a donc fallu repenser le travail de la vigne. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est indispensable de lutter activement tout en prenant le plus grand soin d’un si beau terroir.

Comme évoqué dans la partie I, les frères Todeschini ont ramené avec eux l’agriculture biologique, ce qui a d’ailleurs été récompensé par une certification en 2020. Cependant pour eux il faut aller encore plus loin et c’est ce qu’ils vont faire en intégrant, au fur et à mesure, la biodynamie certifiée en 2023 par le label Biodyvin.

Souvent présenté comme un mouvement ésotérique par ses détracteurs (difficile de plaire à tout le monde malheureusement), la biodynamie permet d’apporter encore plus d’attention à son terroir tout en l’exploitant de la manière la plus respectueuse.

Pour Karl et Yann il s’agit avant tout d’agronomie au sens large afin de faire face au changement des conditions climatiques toujours plus exigeantes. L’idée étant de donner plus de résistance à la vigne par un équilibre naturel.

Force est de constater que sur certaines années les traitements biodynamiques ont permis de réduire les traitements biologiques, ce qui prouve qu’il y a une grande complémentarité entre les deux lorsque les techniques sont parfaitement maitrisées.

Pour ce faire, le château fait donc usage de plusieurs préparations afin de prévenir et nourrir la vigne.

Décoction de prêle, tisane d’ortie, bouse de corne, silice de corne, toutes ces préparations sont produites directement à la propriété et sont pulvérisées dans les vignes pendant les diverses étapes de son développement mais aussi, et surtout, en fonction des aléas climatiques auxquels elle doit faire face.  

De plus, toujours dans cet objectif de redonner de la vie au sein des parcelles, un rang sur deux est semé de céréales, en fonction des besoins de chacune. L’enherbement est parfaitement maitrisé, ce qui permet également de réduire drastiquement les risques de mildiou (maladie cryptogamique).

C’est en se promenant à travers les parcelles que l’on peut se rendre compte du dévouement mais surtout de l’engagement dont ils font preuve au quotidien afin de produire des vins d’exceptions, représentatifs de l’identité de ce vignoble si singulier.

Comme à chaque fin d’été, vient le temps des vendanges. Une tâche fastidieuse, très éprouvante ô combien exigeante mais tellement satisfaisante puisque c’est la concrétisation d’un travail quotidien fait en amont depuis la sortie de l’hiver.

Le choix de l’ordre des parcelles vendangées n’est pas fait de manière hasardeuse, bien au contraire. Chaque parcelle est analysée et dégustée par la famille Todeschini, le maitre de chai et l’œnologue conseil du château qui n’est autre que le talentueux Thomas Duclot.

Pour eux, il est avant tout question de ramasser le raisin au bon moment, à leur juste maturité en évitant à tout prix la sur maturité que bon nombre ont pu rechercher par le passé.

Le chai

Après avoir quitté la vigne, les grappes se dirigent paisiblement en direction du chai. À leur arrivée, les raisins sont éraflés. Les grains passent par un triage manuel avant de faire leur entrée en cuve par gravité.

L’ancien cuvier du château date de 1975, il s’agissait de cuves béton malheureusement devenues trop obsolètes avec le temps.

C’est pourquoi le château a fait acquisition de cuves inox, thermo régulées, ce qui permet un travail encore plus précis lors de l’extraction des tanins notamment.

Pour les vinifications plusieurs techniques sont utilisées. Tout d’abord, une macération à froid, pour cela de l’eau à -9°c circule dans les parois des cuves afin d’avoir un jus qui se stabilise pendant 5 à 10 jours. L’objectif de cette macération à froid est de faciliter l’extraction des arômes fruités du vin.

S’ensuit donc une étape de fermentation alcoolique au cours de laquelle sont effectués des remontages afin d’avoir une extraction des tanins la plus douce qu’il soit.

La fermentation malolactique se fait quant à elle au sein de ces cuves, une fois le marc de raisin évacué puis pressé.

La dose de souffre ajoutée est très basse, le but étant d’altérer le moins possible les arômes et le fruit des vins tout en aidant à donner une certaine assise au vin lors de sa conservation. L’idée de la famille est de faire ressortir au maximum les arômes identitaires de leur superbe terroir.

La vinification étant terminée, vient l’étape de l’élevage. À Mangot il y a divers contenants, ce qui permet de produire des vins aux profils différents mais tellement complémentaires lors de l’assemblage final.

Il dure entre 12 et 15 mois en fonction des millésimes.

Dans un premier temps, la propriété fait usage de la fameuse barrique de 225l en chêne français à chauffe moyenne. Elles sont issues de 8 tonneliers différents, et sont composées de bois neuf pour environ 20 à 25% des fûts utilisés. Les barriques sont utilisées pendant 4 ans avant d’être remplacées.

Dans un second temps, le château fait usage de jarres et d’amphores de tailles différentes. Ces amphores viennent d’Italie et sont composées d’un assemblage de diverses argiles. Le gros bénéfice de ce contenant est principalement le fait qu’il n’y a aucun apport de tanins et d’arômes liés au bois tout en préservant l’échange entre le vin est l’oxygène.

Il faut savoir que chaque composante de l’amphore va avoir un impact, de la taille en passant par la cuisson ou le type d’argile utilisé.

Enfin, il y a 3 ans, la famille a fait acquisition de foudre en bois, toujours dans cet objectif de réduire au maximum la part de vin en contact avec le bois, la micro oxygénation y étant plus lente.

Ici, il n’y a pas de soutirage afin de laisser le vin se reposer au maximum avant sa mise en bouteilles.

J’ai vraiment pu me rendre compte de l’intérêt de l’utilisation de chaque contenant lors de la dégustation que j’ai pu faire en compagnie de Yann lors de la semaine des primeurs 2022.

Face à moi se tenaient trois lots, un assemblé de vins élevés en amphore, un élevé en foudre et un dernier élevé en barrique avant de déguster l’assemblage final. Vous pouvez retrouver mon commentaire dans mon article concernant les vins de Saint-Émilion dans la section Primeurs 2022. Il me tarde de découvrir ce 2022 lors des livrables en 2025.

Enfin, je souhaiterais remercier amicalement Yann pour tous ces moments passés au château en sa compagnie. Lors de mes deux visites j’ai vraiment pu me rendre compte à quel point la passion peut mener à un dévouement sans failles.

Je n’ai aucun doute sur le fait que ce château Mangot est une propriété à suivre dans les années à venir, et j’y apporterai une attention toute particulière.

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