Présentation et notes

Ça y est, c’est fait. Ma première saison des primeurs est clôturée. Une semaine magnifique faite de partage, de découverte, mais surtout d’apprentissage. Comment se projeter sur un vin qui n’est encore qu’au début de son élevage ? Je dois vous avouer que ça ne fut pas très compliqué vu le caractère des vins dégustés tout au long de la semaine.

Chaque année le monde du vin se retrouve pendant une grosse semaine sur la région bordelaise, c’est la fameuse période des primeurs. L’objectif est de permettre aux négociants, journalistes et divers acteurs de cet univers de découvrir le dernier millésime, qui est encore en élevage.

Le millésime de la résilience

Adaptation de la vigne, meilleur appréhension des millésimes solaires ou les deux réunis ? Difficile encore d’expliquer comment ce millésime, qui a donné tant de fil à retordre aux vignerons a su s’imposer comme un millésime des plus prometteurs.

Après un millésime 2020 remarquable, un 2021 des plus contrastés, voici 2022 dont tout le monde vante unanimement le merveilleux potentiel. Dans une première partie, une présentation du millésime d’un point de vue climatique puis dans une seconde partie les notes de dégustations par appellation, enfin, vous pourrez retrouver mes commentaires de dégustations au fur et à mesure de la semaine.

Présentation climatologique

Il se dit que les années passent et ne se ressemblent pas, cependant un phénomène est désormais bien en place, le réchauffement climatique. Sur la dernière décennie nous avons pu observer qu’il y a de plus en plus de millésimes solaires ce qui entraîne une adaptation permanente des vignerons, du travail de la vigne au chai.

2022 ne déroge pas à la règle, il fait parti de ce genre de millésime aux résultats inespérés, ce genre de millésime qui met en évidence le travail acharné des vignerons à produire un vin d’exception. Pari réussi, après avoir connu une saison estivale des plus éprouvantes, les vins, encore au début de leur élevage, sont d’une qualité exceptionnelle. Qui l’aurait cru à la fin du mois d’août ?

Un hiver sec

Un hiver modestement plus sec qu’à l’accoutumée, quelques nuits fraiches au cours du mois de mars permettent un débourrement (ou éveil) de la vigne, plus tardif qu’en 2021, c’est ce qui va plus ou moins la préserver des conséquences des gelées tardives. Ces fameuses gelées arrivent début avril et vont avoir des conséquences considérablement moins désastreuses qu’en 2021.

Le printemps arrive

La vigne se développe sereinement, le mois d’avril étant l’unique mois de l’année 2022 ayant des températures dans la moyenne (T°C moyenne minimum de 8,1 et maximum de 18°C). Une quiétude qui va laisser place à l’inquiétude dès le mois de mai.

Si, jusque-là, les températures étaient plutôt clémentes, le mois de mai va accélérer le développement de la vigne au point de le rendre précoce. La faute a des conditions climatiques estivales avec des journées supérieures à 30°C, ce qui en fait le mois de mai le plus chaud depuis 1950. La floraison de la vigne débute à la mi-mai de manière assez homogène, mais de nouveau, le climat va donner des sueurs aux vignerons. De violents orages de grêle (durant une dizaine de jours environ) vont causer d’importants dégâts, qui fort heureusement, resteront très localisés.  

L’été s’installe et sera historique

Dans la lignée du mois précédent, en juin la canicule s’installe avec un premier épisode durant 3 jours (16, 17 et 18 juin). A la suite de ça, viennent de nombreux orages, avec des pluies diluviennes pour une durée de 9 jours environ. Une fois de plus cette pluie est accompagnée de grêle localement n’impactant que très peu le vignoble. Un épisode pluvieux qui sera apprécié par la vigne et bénéfique lors des mois à venir.

En juillet la chaleur est bien installée, et de plus en plus intense, avec un nouvel épisode caniculaire à partir de la mi-juillet. Cette fois-ci les températures sont très élevées, allant jusqu’à 35°C sans pluies.

Cette chaleur sèche intense et durable va laisser entrevoir l’arrivée d’un stress hydrique pour la vigne, le manque d’eau se fait ressentir sur certains des terroirs les plus drainés. Seules les vignes plantées sur les sols les moins drainés bénéficient encore d’une petite accalmie notamment grâce aux pluies du mois de juin. Cependant le caractère précoce du millésime s’accentue et les baies cessent leur croissance. Ce qui expliquera, au moment des vendanges, la petite taille des raisins.

La véraison va commencer à partir du 20. D’ailleurs, à la fin du mois de juillet les premiers signes d’échaudage font leur apparition et vont faire appel à la maitrise des pratiques viticoles des vignerons pour limiter son impact. Ils vont notamment limiter au maximum l’effeuillage des parcelles.

Si juillet est éprouvant le mois d’août ne l’est pas moins cependant les températures nocturnes modérées vont soulager un peu la vigne de toute cette chaleur et sécheresse ressenties en journée. La véraison va se terminer à la suite du week-end du 15 août.

Commencera alors le processus de maturation, et pour se faire, la vigne va avoir la chance de bénéficier d’un climat idéal. Les températures reviennent petit à petit à la normale avec l’arrivée de quelques petits épisodes pluvieux sans avoir de réel impact sur la taille des raisins. La date des vendanges approche en toute quiétude.

Qui dit millésime précoce dit vendanges précoces, et là encore, 2022 restera dans les mémoires comme étant un millésime récolté à des dates historiquement précoces.

Début des vendanges par les blancs secs

C’est les sauvignons réservés aux blancs secs qui vont ouvrir le bal, avec un début de vendanges à la date du 9 août dans le sauternais pour s’étendre à l’ensemble du vignoble blanc la semaine suivante. Les raisins récoltés laisseront entrevoir une acidité assez basse avec un beau potentiel aromatique.

Les sémillons seront récoltés à partir du 13 août avec des raisins sucrés et concentrés, avec une grande intensité aromatique.

Une telle vendange est de bon augure à la production de beaux vins blancs secs, avec un joli potentiel.

Place aux rouges

Les raisins rouges sont de petite taille, mais avec une concentration en sucre assez élevée et un potentiel titre alcoolique supérieur à 13%Vol dès la fin août.

Les premiers merlots sont vendangés dès la première semaine de septembre, en toute sérénité avec des conditions climatiques idéales, pour se terminer à la moitié du mois. Les raisins sont fruités, sucrés, avec une acidité parmi les plus basses relevées depuis 10 ans.

Les grappes de cabernet sauvignon sont récoltées à la mi-septembre jusqu’au début du mois d’octobre dans des conditions climatologiques également idéales. A l’image des merlots, les cabernets sont d’une belle intensité aromatique, très sucrés avec une acidité parmi les plus basses mesurée depuis 12 ans ce qui est assez inédit pour un cépage aussi tardif.

Des vendanges jusqu’ici parfaites, où les vignerons se seront simplement basés sur les critères analytiques et gustatifs tant les raisins étaient dans un état sanitaire remarquable.

Si les blancs secs et les vins rouges ont bénéficiés de conditions idéales pour les vendanges, le sauternais et ses vins liquoreux en est encore loin.

Grande frayeur pour les liquoreux

Si tout s’est pour le moment déroulé sans accro, il y a bien un problème qui persiste. L’absence totale de Botrytis Cinerea, champignon indispensable à la production des vins liquoreux de Sauternes.

A la fin du mois d’août, alors que les vendanges des vins blancs secs se terminent, les raisins consacrés à la conception de ces vins si singuliers sont mûrs, sains et en quantité suffisante. Les premiers passages dans les parcelles débutent lors de la deuxième quinzaine de septembre, dans le but de récolter les raisins passerillés.

L’humidité arrive la 24 septembre et va permettre au Botrytis de s’installer plutôt rapidement et de manière homogène sur le vignoble, seul bémol, la faible concentration des raisins. C’est à partir de là, que va émerger la crainte d’une perte totale de récolte.

Certains vont prendre la décision de récolter début octobre, quitte à avoir des raisins imparfaits mais qui leur permettront de garantir une production, lorsque d’autres vont faire un pari, celui d’attendre l’arrivée de conditions climatiques permettant une meilleure concentration des raisins.

Pari réussi, puisqu’à la mi-octobre la chaleur mêlée à un vigoureux vent d’est vont permettre une concentration éblouissante et homogène des raisins. Les vendanges vont débuter au début de la deuxième quinzaine d’octobre. Les raisins récoltés sont d’une qualité extraordinaire, purs, peu acides, avec une richesse en sucre remarquablement élevée. Les volumes sont supérieurs à ceux des années précédentes avec un potentiel extraordinaire.

Clap de fin pour les vendanges

C’est donc à la fin octobre, près de trois mois après les premières vendanges destinées aux blancs secs, que sonne le ban des vendanges du millésime 2022 sur le bordelais. Une fois de plus, les nerfs des vignerons auront été mis à rude épreuves, mais n’auront pas flanchés. Une année aussi bien éprouvante pour la vigne que pour les hommes, mais avec un résultat exceptionnel.

Alors on peut légitimement se poser plusieurs questions : La vigne a-t-elle fait preuve de sa résilience ? Est-ce une meilleure approche des millésimes solaires combiné à une maitrise parfaite des techniques de viticulture ? Personne ne le sait vraiment, la seule chose que l’on sait maintenant c’est que le millésime 2022 restera dans l’histoire.

Dans un premier temps pour ses conditions climatiques avec l’enchainement de plusieurs épisodes caniculaires, dans un second temps pour la précocité de ses vendanges et surtout pour leur durée, et enfin, pour le potentiel exceptionnel des vins qui ont été produits et qui sont encore en élevages. Un millésime qui fera trace dans le vignoble, avec la certitude d’une chose, il est plus que jamais temps de prendre en compte l’évolution des conditions climatologiques.

Notes

De la rive gauche à la rive droite, en passant par les graves et le sauternais, le millésime 2022 est clairement plein de promesses, avec une expression singulière sur chacune des appellations.

Après avoir pu déguster plus de 150 vins, voici un petit tour des différentes appellations avec ces quelques notes.

Pauillac

  • Château Batailley 95 – 96/100
  • Château Clerc Milon 95 – 96/100
  • Château Croizet-Bages 92 – 93/100
  • Château D’Armailhac 95 – 96/100
  • Château Duhart-Million 95 – 97/100
  • Château Grand Puy Ducasse 95 – 96/100
  • Château Grand Puy Lacoste 95 – 96/100
  • Château Haut-Batailley 94 – 95/100
  • Château Lynch Bages 97 – 98/100
  • Château Lynch Moussas 93 – 94/100
  • Château Pichon Baron de Longueville 97 – 99/100
  • Château Pichon Longueville Comtesse De Lalande 98 – 99/100

Saint-Estèphe

  • Château Cos Labory 93/100
  • Château De Pez 94/100
  • Château Les Ormes de Pez 95/100
  • Château Phélan Ségur 96 – 97/100

Saint-Julien

  • Château Beychevelle 97 – 98/100
  • Château Branaire Ducru 96 – 97/100
  • Château Gloria 94/100
  • Château Gruaud Larose 96/100
  • Château Lagrange 96 – 97/100
  • Château Langoa-Barton 95 – 96/100
  • Château Léoville Barton 97 – 99/100
  • Château Léoville Poyferré 97 – 98/100
  • Château Saint-Pierre 95 – 96/100
  • Château Talbot 96 – 97/100

Margaux

  • Château Cantenac Brown 95 – 96/100
  • Château Dauzac 95 – 96/100
  • Château Desmirail 94 – 95/100
  • Château Du Tertre 95 – 96/100
  • Château Giscours 95 – 96/100
  • Château Labégorce 94/100
  • Château Lascombes 95 – 96/100
  • Château Marquis de Terme 94 – 95/100
  • Château Monbrison 93/100
  • Château Prieuré Lichine 95 – 96/100
  • Château Rauzan Gassie 93 – 95 /100
  • Château Siran 94 – 95/100

Haut-Médoc

  • Château Beaumont 92/100
  • Château Belgrave 93 – 94/100
  • Château de Camensac 92 – 93/100
  • Château Cantemerle 94 – 95/100
  • Château Citran 91/100
  • Château Coufran 92/100
  • Château La Lagune 94 – 95/100
  • Château de Lamarque 93 – 94/100
  • Château La Tour Carnet 93 – 94/100

Listrac-Médoc

  • Château Clarke 93/100
  • Château Fonréaud 92/100
  • Château Fourcas Dupré 93/100
  • Château Fourcas Hosten 93/100

Moulis-en-Médoc

  • Château Chasse Spleen 94/100
  • Château Poujeaux 94/100
  • Château Maucaillou 92/100

Pessac-Léognan blancs

  • Château Bouscaut 92 – 93/100
  • Château Carbonnieux 93 – 94/100
  • Domaine de Chevalier 95 – 96/100
  • Château De Fieuzal 94 – 95/100
  • Château De France 90 – 92/100
  • Château Larrivet Haut-Brion 93/100
  • Château Latour-Martillac 95/100
  • Château La Louvière 92 – 93/100
  • Château Olivier 93 – 94/100
  • Château Pape Clément 96/100
  • Château Picque Caillou 91/100

Pessac-Léognan rouges

  • Château Bouscaut                        92 – 93/100
  • Château Carbonnieux                 94 – 95/100
  • Domaine de Chevalier                 97 – 99/100
  • Château De Fieuzal                      93 – 95/100
  • Château De France                       91 – 92/100
  • Château Haut-Bergey                  93 – 95/100
  • Château Larrivet Haut-Brion      93 – 94/100
  • Château Latour-Martillac            94 – 95/100
  • Château La Louvière                    92 – 93/100
  • Château Malartic-Lagravière      95 – 96/100
  • Château Olivier                           94/100
  • Château Pape Clément                97 – 98/100
  • Château Picque Caillou 91 – 93/100              

Sauternes

  • Château d’Arche 93 – 94/100
  • Château Bastor-Lamontagne 91-92/100
  • Château Broustet 91/100
  • Château Coutet 95 – 97/100
  • Château Climens 94 – 96/100
  • Château Doisy-Daëne 94 – 96/100
  • Château Doisy-Védrines 93 – 94/100
  • Château de Fargues 96 – 98/100
  • Château Filhot 92 – 93/100
  • Château Guiraud 95 – 97/100
  • Château Lafaurie-Peyraguey 96 – 98/100
  • Château Lamothe Guignard 91 – 92/100
  • Château Myrat 91 – 92/100
  • Château de Rayne Vigneau 95/100
  • Château Rieussec 95/100
  • Château Sigalas Rabaud 93 – 95/100
  • Château Suduiraut 96 – 98/100
  • Château la Tour Blanche 95 – 96/100
  • Clos Haut-Peyraguey 94 – 96/100

Pomerol

  • Château Beauregard 95 – 96/100
  • Château le Bon Pasteur 94/100
  • Château la Cabanne 93 – 94/100
  • Château la Croix de Gay 93 – 94/100
  • Château Clinet 97 – 99/100
  • Château le Gay 95 – 97/100
  • Château Gazin 95 – 97/100
  • Château Mazeyres 94 – 95/100
  • Château la Patache 92 – 93/100
  • Château Petit-Village 96 – 97/100
  • Château la Pointe 95 – 96/100
  • Château Rouget 94 – 95/100
  • Enclos Tourmaline 95 – 96/100

Saint-Emilion

1er crus classés:

  • Château Canon La Gaffelière 96 – 97/100
  • Château Clos Fourtet 97 – 98/100
  • Château Larcis Ducasse 96 – 97/100
  • Château Pavie Macquin 97 – 98/100
  • Château Valandraud 98 – 99/100

Grands crus classés:

  • Château Balestard la Tonelle 93 – 94/100
  • Château Bellefont-Belcier 96 – 97/100
  • Château Cap de Mourlin 92 – 93/100
  • Château Croix de Labrie 97 – 99/100
  • Château la Couspaude 93 – 94/100
  • Château Dassault 95 – 97/100      
  • Château la Dominique 94 – 95/100
  • Château Fonplégade 95 – 96/100
  • Château Fonroque 93 – 95/100
  • Château Franc Mayne 94 – 95/100
  • Château Grand Corbin Despagne 94 – 95/100
  • Château Grand Mayne 94 – 95/100
  • Château Jean Faure 93 – 94/100      
  • Château Larmande 93 – 94/100
  • Château Mangot 94 – 95/100
  • Château Soutard 94 – 95/100
  • Château Tour Saint Christophe 95 – 96/100
  • Château la Tour Figeac 94 – 95/100
  • Château Villemaurine 94 – 95/100

Saint-Emilion Grand Cru:

  • Château la Fleur 93-94/100
  • Château la Gaffelière 96 – 98/100
  • Château Haut Brisson 93 – 94/100
  • Château Puyblanquet 94 – 95/100
  • Clos La Gaffelière 92 – 93/100

Castillon-Côtes de Bordeaux

  • Château d’Aiguilhe 93 – 94/100
  • Château Alcée 91 – 93/100
  • Château Ampélia 90 – 91/100
  • Château la Brande 92/100
  • Château Cap de Faugères 91 – 93/100
  • Château la Croix Lartigue 91 – 92/100
  • Château le Rey Les Argileuses 91 – 92/100
  • Château le Rey Les Rocheuses 92 – 94/100
  • Clos Puy Arnaud 93 – 94/100      
  • Domaine de l’A 92 – 93/100
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